De nombreux témoignages font état de difficultés rencontrées par les
détenus et leurs proches pour maintenir les liens familiaux. Les établissements
à gestion servi- privée, construits le plus souvent en rase campagne,
sont souvent mal desservis par les transports en commun. Une seule
ligne de bus permet de se rendre à la maison d'arrêt de Villepinte.
L'organisation de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis rend très difficile
la visite d'un proche au parloir. Il est obligatoire de prendre rendez-vous
par téléphone la veille de la visite. La ligne est quasiment occupée
en permanence. Une seule personne au standard doit répondre à 200
appels par jour. Une épouse de détenu appelle 77 fois au mois de septembre
: le dernier appel aboutit, en passant par la direction, et non par
le standard. Le téléphone est également l'unique moyen de connaître
le résultat d'une demande de permis de visite, aucune réponse écrite
n'étant prévue. Les familles ne sont pas averties de l'annulation
de certaines visites. Deux personnes en provenance du Pays basque
se sont vu refuser l'entrée, l'une en raison d'une erreur commise
dans l'écriture de son nom par la secrétaire, l'autre pour un permis
autorisé puis bloqué par le juge sans en avertir le visiteur. Dans
ces deux cas, les personnes venant rendre visite à un détenu ont effectué
1 600 Kilomètres au total pow être refoulées à l'entrée- L'établissement
ne fournit aucune information sur les conditions de visites : heures
et jours, suivant les différents bâtiments, nombre de visites auquel
le détenu a droit, etc. Pour attendre l'heure de la visite, les familles
disposent d'un préfabriqué qui a été fermé trois mois dans l'année
pour travaux de peinture. Il n'est pas équipé de toileries, et les
visiteurs en sont rendus à faire leurs besoins sur la pelouse à l'extérieur.
Certains transferts de détenus de la maison d'arrêt de Villeneuve-
lés- Magaelone ne sont signalés aux familles qu'au dernier moment,
voire une fois effectués. Le nouvel arrivant à la maison d'arrêt du
Val- d'Oise ne dispose pas de timbre dans la pochette qui lui est
remise, timbre qui devrait lui permettre d'avenir sa famille de son
incarcération. Les enveloppes des détenus de la maison d'arrêt de
Lyon restent décachetées à la suite du contrôle du courrier. Les surveillants
peuvent ainsi lire le courrier des détenus avant de le leur remettre.
Le Monde Diplomatique - Février 1999